Une petite ville industrielle, la sueur grunge des bands de sous-sol et une jeunesse qui s’ébroue dans la rage et l’amour, "entre la puberté et Musique Plus / entre la merde et le sang". Le premier recueil de poésie de Stéfanie Tremblay, Musique, est d’abord la photographie d’une époque, captée à travers le prisme d’une adolescence qui érige son vécu en monument, le désirant aussi original qu’éternel : "moi qui pensais que le rock c’était un truc pour perdre de l’argent que tout le monde y participerait avec son coeur et que ça durerait toujours". Le coeur battant, la poète se remémore les mosh pit, où elle a "accouché d’une colère inconnue", et ces sous-sols, où les femmes jouaient un rôle de soutien: "du lundi au dimanche / je respire l’humide sous-sol / des garçons-guitares // profession : cheerleader". Vingt ans plus tard, le dernier mot appartient à Stéfanie Tremblay, qui offre une langue crue et des envolées vibrantes à des émotions et à une époque qui, faut-il l’admettre, nous semblent ainsi aussi originales qu’éternelles.
Yannick Marcoux, Le Devoir
La critique
C’est une expérience peu documentée en littérature québécoise, mais pourtant commune, que celle de Stéfanie Tremblay, qui raconte dans Musique son apprentissage de l’ivresse des guitares et de la violence du monde, au cœur de la bouillante scène punk d’une petite ville. ★★★½
Dominic Tardif, La Presse
La critique
C'est très cru, c'est en même temps très joli. [...] C'est incisif, c'est drôle. C'est sexuel, c'est émouvant. C'est très simple et ça évoque énormément. [...] C'est grunge, c'est punk.
Catherine Pogonat, L'effet Pogonat, ICI Musique, R-C
La critique
Poésie-chanson alternative des années 90, une poésie qui parcourt avec intelligence le no man's land de l'adolescence grunge.
Mathieu Arsenault, écrivain [publié sur l'Instagram de Doctorak Go]
La critique
L’artiste Stéfanie Tremblay se remémore dans ce recueil de poèmes son initiation au milieu punk de sa région natale, le Saguenay. L’autrice rend cette sphère accessible: Musique est une épiphanie d’énergie et de tendresse qui fait pulser cette communauté. Les mots y coulent grâce à l’absence de ponctuation, le transformant en un immense déluge d’amour faisant du crowd surfing: Des clichés photographiques de couleur rose fluo décorent le centre focal de MUSIQUE, à l’image des fanzines de l’enfance de l’autrice.
La Bible Urbaine
La critique
Douloureusement touchant par moments, ce premier recueil de poésie juxtapose habilement des trucs aussi apparemment hétérogènes que le punk et la nostalgie, l’exubérance et l’intériorité, la tristesse et la hargne ou encore l’effronterie et la vulnérabilité. De l’enfance reniée aux puérils premiers émois de ce qui vient tout de suite après, du chatoyant souvenir des couteaux pour les plombs au magma grégaire des folâtreries adolescentes, de l’amour de la musique au besoin d’appartenance, la poète décrit admirablement cette forme particulière de conformisme qui se doit d’être vécu avec la conviction de sa propre marginalité.
Philippe Fortin, Librairie Marie-Laura (Jonquière) | Revue Les Libraires
La critique
L’effervescence des corps et la sensation de danger au premier riff, les effluves enivrants ou qui donnent carrément la nausée. On aime on déteste on se met littéralement sur la gueule on rêve on crache on se projette on s’unit même. Je pense à tellement de fois où, tellement de personnes qui. Ça bouillonne en rythme. Des périodes d’immense galère sauvées par ces nuits où tout devient possible, des rencontres qui ont bouleversé le quotidien.
Roxane Allc
Un puissant réconfort flotte après cette deuxième lecture. Une impression d'habiter dans ces mots là, d'y avoir déjà mis les pieds en tout cas. Un recueil que l'on traverse en évitant les canettes de bières vides et "les sac de chips, de vomi". Franche et sans fioritures Stéfanie Tremblay nous garroche les pensées d'une punk dans un Saguenay où la vie de nuit est bien plus attirante que la lumière du jour.
Chloé Larouche, Librairie Harvey (Alma)
Le verbe plonger s’applique tout aussi bien à cet engouement qui, à vrai dire, ne s’est jamais attiédi. Si le désir de se laisser avaler, malaxer, brasser dans un mosh pit est devenu moins pressant au fil des ans, l’autrice continue d’enrichir sa collection de vinyles et de cassettes aux accents punk, tout en suivant le destin de ses anciens héros. Ceux, à tout le moins, qui sont toujours de ce monde.
Daniel Côté, Le Quotidien
L’entrevue
Vingt-cinq ans à se regarder photographier la vie, la sienne et celle de ceux qui en ont fait le sel. Un regard amoureusement porté, teinté du rose des lèvres de l’enfance en allée comme de la sépia des nostalgies désenchantées dont tout un chacun se berce au sortir de puériles, mais poignantes remembrances. Une pointe de tristesse navrée, soupçon de mélancolie adolescente rageusement, voire courageusement ravalée, bannie du terroir de l’asphalte du punk, mais surtout la joie brute des fulgurances vivaces propres aux expériences qui définissent, par leur intensité et le moment où elles adviennent, la personnalité d’une jeunesse fugace qui passe toujours trop vite. Un premier recueil époustouflant.
Philippe Fortin, Librairie Marie-Laura
La critique
C'est une carte postale du Saguenay, qui, vraiment, pourrait faire friser les oreilles de l'ancien maire Jean Tremblay [...] J'ai trouvé ça magnifique, vraiment, il faut lire ce livre-là. Je ne sais pas si les gens du Saguenay réalisent la chance qu'ils ont d'avoir quelqu'un comme Stéfanie Tremblay pour insuffler de l'âme à cette région, qu'elle n'a jamais quittée. Je trouve qu'elle y ajoute ses couleurs et c'est vraiment très beau ce qu'elle fait.
Catherine Genest l'émission Culture Club animée par René Homier-Roy, R-C [À 15h19]
La critique
Fin des années 1990, Stéfanie Tremblay est la « fille au kodak » qui immortalise sur pellicule la scène punk-rock de Jonquière. Près de 2 000 photos plus tard, l’artiste visuelle et autrice fait revivre dans Musique, la fougue et l’intensité de ses années d’adolescence.
Marie-Ève Lavallée, Journal Le Réveil
L’entrevue
Ce qui est vraiment rafraichissant, c’est son côté féminin de nous parler de l’adolescence dans le monde punk rock.
Marie-Hélène Raymond à l'émission LeZarts Québec, à 20min50
La critique
Mémoire sociologiquement tressée, instantané ému et vibrant comme une scène, transposition d'une jeunesse parfois enragée, encagée, en mots, en images, en envies, besoins, sensations écrites et plaisir indicible à lire et à partager, même en silence. Le rock pour respirer, la sueur pour sentir les autres être ensemble, l'amitié est survie, elle aussi. Et les concerts, ceux d'avant, sans masques, en bruits et vibrations, nous libéraient collectivement, car quel que soit le sentiment qui nous animait, la musique vivante le faisait sortir. L'auteure, Stéfanie Tremblay, rassemble des poussières sensorielles, sonores et visuelles, pour les réunir dans un bien beau collage, et ce livre photographie (écriture de lumière) des mutants en pleine mutation, assoiffés d'espaces et de vie, entre révolte tue et rébellion criée, sexe et nihilisme entremêlés, douceur, rage, douleur, et la tendresse, bordel, tout est là, en peu de mots, mais. L'image témoigne, la poésie transcende. Crucial, ce livre est une ode à la beauté viscérale, rythmée, appuyée, ressentie, mise sur page et sur table talent, plume et photos à l'appui!
Margot Bonvallet/Les vinzelles
À la fin des années quatre-vingt-dix, l’artiste en arts visuels Stéfanie R. Tremblay a pris des milliers de photographies de la scène punk de Jonquière, au Saguenay. Munie le plus souvent de caméras jetables et autres appareils des plus communs, l’adolescente qu’elle était a photographié ses amis, les soirées, les membres de ses groupes préférés, ses dérives. Alors que nous sommes aujourd’hui submergés par les images numériques, ces photographies rappellent une époque pas si lointaine où la production d’images demandait du temps. Mais tout cela n’est pas tant nostalgique : l’ensemble, accompagné de textes, se démarque par une perspective à la fois féministe et féminine, à la fois rebelle et "sentimentale", au dire même de l’artiste. Des photographies, elle en a fait beaucoup. Il y en a des milliers de cette époque. Pour l’expo au Le Lieu, centre en art actuel, elle en a numérisé quelques centaines pour les imprimer en noir et blanc. Les photographies de cette période ont été soigneusement conservées, identifiées et datées. "Je n’avais pas conscience du pouvoir esthétique de ces photographies à l’époque. Mon regard était plus libre à 13 ans qu’à 37 ans. Il a été façonné par l’école", précise l’artiste. MUSIQUE – le titre est inspiré de la chanson de France Gall – est comme un livre ouvert dans l’espace de la galerie, sur les murs et au sol, images et textes s’offrant à la lecture. Ce dispositif minimal est une constante dans le travail de l’artiste qui a réalisé plusieurs fanzines et livres d’artiste. Ses expositions en sont souvent le prolongement.
Inter, art actuel - revue d'arts visuels par Nathalie Coté
La critique
Stéfanie Tremblay a parlé de MUSIQUE à Plus on est de fous, plus on lit avec Marie-Louise Arsenault. Une entrevue (avec lecture) de 15 minutes à propos de la jeunesse punk de Stéfanie en région lointaine, de photographie, de poésie et de "mosh pit".
Plus on est de fous, plus on lit avec Marie-Louise Arsenault, R-C
L’entrevue
L’autrice Stéfanie Tremblay lance « Musique », un livre de poésie publié aux éditions La Peuplade. Elle propose aux lecteurs une incursion dans la scène punk de Jonquière à la fin des années 90. Julie Larouche a rencontré l’artiste.
Julie Larouche, Téléjournal ICI Saguenay-Lac-Saint-Jean
L’entrevue
Ce qui est beau dans le recueil de Stéfanie, c'est qu'elle a trouvé sa place [dans la scène punk] en prenant des photos des spectacles et c'est une des partie du livre, tout en rose, qui donne beaucoup d'authenticité car ce sont véritablement les siennes.»
Jolène Ruest, On dira ce qu'on voudra, animée par Rebecca Makonnen, ICI Musique
La critique
Ses textes sont parfois violents, mais plus souvent encore, très touchants. Elle nous parle aussi, pas le choix, des amitiés, des amours intenses de la jeunesse, de la beauté qui ressort aussi de toute cette période intense.
Page par Page
La critique
Dans ce recueil tout en images, la poésie anarchique émerge comme une lumière crue braquée sur les éclats d’une adolescence punk criblée de manques et de désirs. L’efficacité de la langue claire et directe évoque ce qui est, sans chercher à masquer ou à sublimer quoi que ce soit. La banalité d’un quotidien nourri de brèves fulgurances se dévoile en flashs photographiques, instantanés du réel, témoignant de la grande sensibilité d’un regard à la fois mélancolique et transgressif. Le besoin d’aimer, de se relier, transparaît partout, jusque dans la multiplication des référents undergrounds et féministes. La musique, surtout, comme fondement d’un fragile rapport aux autres, donne accès aux souvenirs, aux visions d’un passé qui voudrait encore pouvoir se projeter dans l’avenir. La voix dissonante de Stéfanie Tremblay se calque sur cette jeunesse no future qu’elle cherche à raconter : crue, dérangeante, mais profondément humaine!
Commentaire du jury, Prix Littéraires du Salon du livre du Saguenay–Lac-Saint-Jean 2022
Le recueil rassemble les souvenirs de la poète, jeune fille en feu, à la fois forte et vulnérable, qui découvre l'univers punk et se découvre elle-même en même temps.
Anne-Martine Parent, capsule sur les finalistes des Prix littéraires du Salon du livre du Saguenay–Lac-Saint-Jean 2022
La critique
C'est touchant, c'est rebelle, c'est magnifiquement écrit et ça ne manque pas d'éveiller la nostalgie des p'tits bums qui ont pris part, de près ou de loin, à la scène punk-rock emblématique de la fin des années 90. Mon recueil coup de cœur de 2022!
Andréanne, Librairie Marie-Laura
À défaut de pouvoir arrêter le temps et conserver son réseau, Tremblay était là pour en garder la trace en photos et en mots, dans une langue simple, crue, vivante et sans tabou : cohérente avec l’esthétique punk. Nous revivons chaque moment de cette intensité à travers les énumérations : "Le cancer de l’excitation, les idées de sexe, l’adrénaline, la petite envie de chier, les cadres laminés, les frites, les punks, leurs chiens, le Zellers est fermé, les stores vénitiens, les draps léopard aussi, ce motif violent qui se retrouve sur les lits de tous les gars du monde". MUSIQUE est un recueil d’images qui valent bien mille riffs de guitare. Je me réjouis de la rumeur d’une suite.
Zéa Beaulieu-April, Estuaire